Les principaux défis de l’expatriation au féminin
Discriminations basées sur le genre, préjugés liés au conjoint suiveur, incompatibilités des carrières proposées… L’expatriation féminine est confrontée à plusieurs problèmes qui freinent son évolution. Quels sont les principaux défis de l’expatriation au féminin ? Nous faisons le point dans cet article.
Les discriminations basées sur le genre
Selon une étude réalisée, plusieurs femmes pensent qu’une expérience à l’étranger est un passage déterminant pour l’évolution d’une carrière. En effet, elles ont autant le désir de s’expatrier que les hommes. Déjà en 1984, Adler s’était penché sur la question et publie un article consacré à l’expatriation.
Après avoir questionné des centaines de jeunes diplômés des deux sexes sur leurs ambitions futures, l’auteure a observé que 84 % de ces jeunes ont le désir de réaliser une mission à l’étranger. Cela représente un grand intérêt pour leurs perspectives d’évolution professionnelle.
Ainsi, écarter les femmes de cette opportunité nuirait à leur épanouissement professionnel. Par ailleurs, le préjugé lié aux difficultés d’intégration des femmes dans un pays où la culture est plutôt masculine fait partie des défis liés à l’expatriation au féminin. Caligiuri et Cascio (1998) ont montré à ce titre que le facteur « attitude des locaux envers le cadre expatrié » apparaît déterminant dans la réussite d’une expatriation au féminin.
Les femmes souffriraient de stéréotypes sexistes et une certaine hostilité dans la négociation de la part de certains individus issus de pays où la culture locale des affaires est plutôt masculine (Adler, 1987). L’analyse des interviews des responsables de la mobilité internationale réalisée par Mérignac (2009) atteste également de ces faits. Ce préjugé semble donc encore aujourd’hui être d’actualité.
Les préjugés liés au conjoint suiveur
La question de l’accompagnement du conjoint demeure au cœur du dispositif. Aussi bien pour le rassurer sur ce qui est possible, que pour l’accompagner dans la réorientation de sa carrière et dans la mise en œuvre du projet. En effet, l’homme suiveur lors d’une expatriation féminine recèle des préjugés spécifiques notamment :
- Le conjoint homme a démissionné pour suivre sa conjointe expatriée a été source de stress pour l’expatriée femme.
- L’intégration du conjoint homme n’a pas été accompagnée par l’entreprise de la femme. Ce conjoint homme n’a pas trouvé de travail dans le pays d’accueil.
- Le conjoint homme suiveur risque d’être incompris par son entourage familial et voire d’être critiqué par la société du fait que ce soit lui, « l’homme de la famille » qui sacrifie sa carrière pour celle de sa femme expatriée.
Le conjoint homme suiveur doit faire face à des difficultés particulières, différentes de celles de son homologue féminin. En réalité, le conjoint homme suiveur serait confronté à un triple choc culturel lors d’une expatriation : une adaptation à la fois à un nouvel environnement, à un nouveau rôle dans la famille ainsi qu’aux regards des autres (Studyrama Pro., 2015).
Par ailleurs, l’intégration du conjoint homme suiveur au sein des communautés de Français de l’étranger, qui ont pour rôle de faciliter l’intégration des expatriés, serait plus difficile du fait du décalage de leur situation par rapport au « schéma classique » où l’homme est un cadre expatrié et la femme conjointe suiveuse.
Taux de féminisation en entreprise non équilibré et incompatibilité des carrières proposées
Il est impossible d’atteindre un taux de féminisation de l’expatriation important si le taux de féminisation dans l’entreprise en général n’est pas équilibré. Et de plus faut-il que cette proportion se retrouve dans les métiers liés à l’expatriation dans l’entreprise. Si votre métier-phare en expatriation (mettons par exemple directeur de magasin, ou bien chef de projet industriel) est très masculin, alors l’enjeu consiste d’abord à féminiser l’image de ces métiers.
Défis liés à l’organisation de la mobilité internationale
Il faut souligner que les demandes des femmes et des hommes ne sont pas les mêmes en matière d’exploitation. En effet, les hommes commencent par se renseigner sur la mission et les conditions. Les femmes n’écoutent qu’une fois qu’elles sont rassurées sur la sécurité et le bien-être du conjoint et des enfants. Pour attirer les femmes, la mobilité doit donc être cadrée, anticipée et accompagnée.